A la une ce jour : L’ancienne phobique angoissée hypocondriaque a affronté sa plus grande peur : la piqure ! Cette jolie petite aiguille fine et sournoise, qui vient se planter droit dans votre deltoïde pour vous inonder de sensations fortes grâce à un (ou des) petits virus, qui vont se déployer en douceur et se répandre lentement dans vos veines. Tel un moment de jouissance, vous êtes submergés par toute une succession de réactions physiologiques, allant de la douleur aigue à la fièvre, en passant par le « je m’attendais à pire » puis les frissons, mais aussi la réaction urticaire sur le visage et le torse, et enfin l’impossibilité de lever le bras pendant plusieurs jours. J’aime ce sentiment masochiste totalement incompréhensible que l’on ressent lorsqu’on l’a fait. Cet état mi béat mi stupide, doublé d’un sentiment de fierté totalement irrationnel de savoir qu’on a fait quelque chose qui physiquement nous fait mal, mais qui psychologiquement nous fait du bien. Parce qu’on a réussi, parce qu’on a compris qu’on en était capable. Un peu comme lorsque j’ai franchie la ligne du semi marathon de paris après 2H28 de souffrance, 1 crampe, 8 powerade, 2 kg de fruits secs et 22km de course : les articulations en compote, les doigts de pieds non pas en éventail mais en décomposition , à deux doigts du malaise vagual et de la crise d’hypoglycémie (et ce malgré tous les efforts déployés pour avaler gels et boissons énergétiques en tout genre aux stands de ravitaillement sans m’arrêter de courir, élaborant la technique du remplissage de soutien gorge en raisins secs, évitant les peaux d’oranges qui jonchaient le sol d’un slalom habile, et crachant discrètement pour rester classe en toute circonstances, car oui, le mollard collé au fesses version crachat de débutante m’a servi de leçon une fois, pas deux.) Bref, en franchissant la ligne d’arrivée, une fois ma puce électronique désactivée, les zygomatiques en feux d’avoir trop voulu faire la maligne devant les derniers photographes, je me suis dit (comme surement 27 800 autres coureurs qui ont franchi cette ligne ce jour là : JE L AI FAIT ! Ce même soulagement doublé de souffrance que j’ai ressenti, dans un autre registre, lorsque j’ai opté pour un combo raclette/ fondue dans la même soirée, trop heureuse de fêter l’arrivée de l’hiver, et que, écœurée, dilatée, tentant le subterfuge du digestif qui fait tout descendre (inutile) ou la technique du sorbet à la chartreuse (encore pire) je me suis dis : mon estomac et moi l’avons fait ! Ou même encore lorsque je me suis jetée d’un avion à 3000m d’altitude, que j’ai eu pris 2 tonnes de pression dans la face, 60 secondes de chute dans le vide (artistique), une ouverture de parachute comprise d’un coup sec dans les vertèbres, une poussée d’adrénaline incroyable et l’envie de recommencer, maintenant, tout de suite. Enfin voilà, aujourd’hui JE L’AI FAIT : J ai prêté mon deltoîde, j’ai serré les dents, j’ai regardé en l’air, compté jusqu’à 10, et puis en réalisant que ce ne serait que le premier d’une longue série à venir, je me suis senti prête à le faire encore. J’ai évincé ma phobie pour le bien de ce voyage. Ou plutôt les bienfaits de ce voyage à venir ont évincés ma phobie, comme piquée par cette fièvre délirante de partir à l’inconnu.
Les tribulations d'une globetrotteuse
Jeune lyonnaise de 26 ans troque vie citadine de commerciale contre chaussures de rando et aventures au bout du monde... Suivez moi avant, pendant, après!
vendredi 17 février 2012
mercredi 18 janvier 2012
Chapitre 3 : Je, Tu… île
J’ai réservé mon ïle! La toute première d’une longue liste, un avant goût de paradis : Bali. Si ce nom m’a longtemps fait rêver, jamais je n’ai eu la certitude que je foulerai ses plages un jour, que j’y testerai ses massages, m’abreuverai dans ses noix de cocos, irai me recueillir dans ses temples, ou m’endormir au creux de ses volcans. Après le pragmatique et terre à terre achat des chaussures, puis du sac à dos (dont je vous épargnerai l’histoire, du même acabit que le vieux campeur, en version espace montagne) voici celui, plus aérien et évocateur, du premier billet d’avion.
Il faut dire que lorsqu’on s’attaque à un autre registre que le matériel, qu’on concrétise l’achat d’un premier vol, la sensation est différente. On sait que non, ce billet d’avion ne pourra pas servir à autre chose que se rendre d’un point A à un point B à une date bien précise, comme on pourrait se dire en achetant des chaussures (dans tous les cas une paire de chaussures ça sert toujours, hein ?). Que non, même si on change de date, d’avis, d’envie, nous ne recevrons pas un virement de la compagnie aérienne, comprenant gracieusement notre choix (comment ça je peux pas rester plus longtemps à Bali ?). On réalise que oui, tout devient plus concret que jamais. Et ce sentiment est extrêmement libérateur, exaltant, jouissif. J’ai alors élaborée une stratégie efficace et exhaustive pour dénicher LE billet : usé la toile pendant quelques heures à la recherche du meilleur prix (évident), utilisé les comparateurs de vols (fastidieux), puis les avis sur les compagnies aériennes (sincères ou orientés ?), je suis passée faire un tour sur le site recensant les compagnies blacklistées (on n’est jamais trop prudents), puis j’ai vu qu’elles étaient toutes africaines (ouf), je me suis alors demandé à maintes reprises s‘il valait mieux le meilleur prix ou le confort et la sécurité, puis j’ai regardé mon compte en banque et je me suis dit qu’il valait mieux le meilleur prix, j’ai été jusqu’au bout du tunnel d’achat, saisissant mes noms, prénom, adresses et numéros de carte bancaire, puis je suis revenue en arrière, une fois, deux fois, trois fois, et enfin, après avoir fait ces quelques allers retours sur mes 12 onglets ouverts, j’ai cliqué le OUI définitif. La confirmation a été lancée, l’excitation à son comble, je frétillais comme une enfant sur mon canapé, au beau milieu de mon salon. J’ai regardé mon guide du routard de Bali, puis je me suis dit que la prochaine fois que je le lirai, ce serait sur une plage paradisiaque ou dans une jungle humide, qu’il sera surement corné, déchiré, taché par un plat local mangé sur le pouce, jauni par la poussière, mais que, définitivement, sa place était dans mon sac, pas sur ma table de chevet.
Là j’ai réalisé que j’avais de la chance, la chance de réaliser ce projet, la chance de m'offrir ce vol en quelques clics, la chance d’avoir additionnés tous ces choix de vie, d’épargne, d’ambition, qui me mènent aujourd’hui à atteindre ce rêve. La chance de pouvoir le partager avec quelqu’un qui est animé par une même vision de la vie que moi, mon compagnon de route comme de vie : j’ai nommé mon mari (c’est étrange cette fierté qu’on ressent en le disant, un peu comme le jour où l’on présente son permis de conduire pour la première fois, lors d’un contrôle (oui oui, c’est bien moi qui l’ai eu, du 3e coup mais je l’ai eu !), ou que l'on signe son premier bail d’appartement (independance day ou la post adolescente en plein élan de liberté), ou même que l'on découvre son nom inscrit sur la liste des lauréats du BAC (qui aurait cru que la philo me sauverait?). Oui parce que derrière mon grain de folie, je suis une épicurienne, une amoureuse de la vie, et je ne sais pas cacher ma sensibilité à fleur de peau, ni ce romantisme utopique qui me caractérise. Alors parfois je prends quelques minutes pour penser à tout ça, les émotions me viennent, et là je me dis qu’on ne se sens jamais aussi bête que lorsqu’on pleure seule de bonheur sur son canapé, mais que je donnerais tout pour rester cette idiote là longtemps.
Il faut dire que lorsqu’on s’attaque à un autre registre que le matériel, qu’on concrétise l’achat d’un premier vol, la sensation est différente. On sait que non, ce billet d’avion ne pourra pas servir à autre chose que se rendre d’un point A à un point B à une date bien précise, comme on pourrait se dire en achetant des chaussures (dans tous les cas une paire de chaussures ça sert toujours, hein ?). Que non, même si on change de date, d’avis, d’envie, nous ne recevrons pas un virement de la compagnie aérienne, comprenant gracieusement notre choix (comment ça je peux pas rester plus longtemps à Bali ?). On réalise que oui, tout devient plus concret que jamais. Et ce sentiment est extrêmement libérateur, exaltant, jouissif. J’ai alors élaborée une stratégie efficace et exhaustive pour dénicher LE billet : usé la toile pendant quelques heures à la recherche du meilleur prix (évident), utilisé les comparateurs de vols (fastidieux), puis les avis sur les compagnies aériennes (sincères ou orientés ?), je suis passée faire un tour sur le site recensant les compagnies blacklistées (on n’est jamais trop prudents), puis j’ai vu qu’elles étaient toutes africaines (ouf), je me suis alors demandé à maintes reprises s‘il valait mieux le meilleur prix ou le confort et la sécurité, puis j’ai regardé mon compte en banque et je me suis dit qu’il valait mieux le meilleur prix, j’ai été jusqu’au bout du tunnel d’achat, saisissant mes noms, prénom, adresses et numéros de carte bancaire, puis je suis revenue en arrière, une fois, deux fois, trois fois, et enfin, après avoir fait ces quelques allers retours sur mes 12 onglets ouverts, j’ai cliqué le OUI définitif. La confirmation a été lancée, l’excitation à son comble, je frétillais comme une enfant sur mon canapé, au beau milieu de mon salon. J’ai regardé mon guide du routard de Bali, puis je me suis dit que la prochaine fois que je le lirai, ce serait sur une plage paradisiaque ou dans une jungle humide, qu’il sera surement corné, déchiré, taché par un plat local mangé sur le pouce, jauni par la poussière, mais que, définitivement, sa place était dans mon sac, pas sur ma table de chevet.
Là j’ai réalisé que j’avais de la chance, la chance de réaliser ce projet, la chance de m'offrir ce vol en quelques clics, la chance d’avoir additionnés tous ces choix de vie, d’épargne, d’ambition, qui me mènent aujourd’hui à atteindre ce rêve. La chance de pouvoir le partager avec quelqu’un qui est animé par une même vision de la vie que moi, mon compagnon de route comme de vie : j’ai nommé mon mari (c’est étrange cette fierté qu’on ressent en le disant, un peu comme le jour où l’on présente son permis de conduire pour la première fois, lors d’un contrôle (oui oui, c’est bien moi qui l’ai eu, du 3e coup mais je l’ai eu !), ou que l'on signe son premier bail d’appartement (independance day ou la post adolescente en plein élan de liberté), ou même que l'on découvre son nom inscrit sur la liste des lauréats du BAC (qui aurait cru que la philo me sauverait?). Oui parce que derrière mon grain de folie, je suis une épicurienne, une amoureuse de la vie, et je ne sais pas cacher ma sensibilité à fleur de peau, ni ce romantisme utopique qui me caractérise. Alors parfois je prends quelques minutes pour penser à tout ça, les émotions me viennent, et là je me dis qu’on ne se sens jamais aussi bête que lorsqu’on pleure seule de bonheur sur son canapé, mais que je donnerais tout pour rester cette idiote là longtemps.
mardi 3 janvier 2012
CHAPITRE 2: MARCHE AVANT
Aujourd'hui j ai enclenchée la marche avant. Celle de mon projet fou, de la concrétisation, du premier pas vers le départ. J ai alors achetée ma première paire de pompe Salomon, non sans une certaine fierté. L indispensable compagne de ces 7 mois de périple. La meilleure alliée de la globe trotteuse en devenir que je suis. Celle qui m aidera a traverser jungles et forets, montagnes et volcans, villes et contrées lointaines.
Je me suis rendue au vieux campeur, je suis montée a l étage, je me suis perdue entre les vestes de ski et les semelles en sorbotane, j'ai alpagué le premier vendeur, je lui ai exposé ma situation, j'ai écouté son argumentation, j ai posé des questions (des techniques, des spécifiques, des inutiles, des loufoques, des risibles et des piégées) j ai écouté ses réponses (c est bien la moindre des choses), j'ai comparé avec celles d un concurrent (garce), convaincue j'ai alors essayé deux paires de pompes (dont la fameuse) j'ai reposé des questions (chiante) puis il est parti (étonnant) me laissant réfléchir (indispensable), alors je les ai choisies (enfin), après avoir vérifié les avis sur mon iphone (victime de la technologie) et m'être dit que je faisais un super coup (-50%). Je les ai alors regardées droit dans les lacets, en les suppliant de me supporter et me soutenir jusqu au bout, je leur ai offert leur premier défilé dans tous les rayons du magasin, m'arrêtant devant chaque miroir pour m' assurer qu'elles étaient les plus belles, me demandant par la même occasion si les couleurs iront avec mes tenues de globe trotteuse, bref, un moment symbolique de ma première foulée dans cette folle aventure. Bien sur je ne ferai pas comme avec 100% de ma garde robe, dorénavant j'enlèverai l étiquette du prix et finie l expo dans mon dressing, je veux leur offrir du grand air et ce dès maintenant. Je vais les emmener brouter l herbe du vercors, se parer d'un manteau de neige, se faire piéger dans des raquettes, bref, je veux qu elle me montre que leur solidité et leur imperméabilité ne sont pas qu un argument marketing.
Marche avant c est aussi un clin d œil au livre que je lis en ce moment, roman éponyme d Alexandre poussin , auteur baroudeur qui raconte ses voyages à travers le monde. Je m'y scotche les yeux tous les soirs avant de me coucher. Et j'avoue que j'y ai pris goût. Ce grand projet m'a permis de renouer avec mes premières passions d' enfant: la lecture, l'écriture, la poésie, la philosophie (bon d'accord pour ça j ai du attendre l adolescence)... J ai également hésité à me faire tatouer un papillon et me remettre à grimper aux arbres mais je me suis dis qu'il était inutile de pousser cette grande révélation si loin. Préparer un voyage au long court c est un peu retrouver cette sensibilité naïve de la jeunesse, et se surprendre à rêver bien plus souvent que d'ordinaire. L impossible devient possible. On met des forces en marche. On mobilise toute son énergie. On rêve devant des destinations encore inconnues.
Je suis toute excitée et assurément je me dis qu'aujourd'hui plus que jamais, il n est plus temps de faire marche arrière.
vendredi 23 décembre 2011
CHAPITRE 1: A QUI LE TOUR ? A MOI !!
J – 88 avant mon envol…
Dans 3 mois je dis à Adieu à ma vie Lyonnaise, ses petits bouchons (de victuailles), ses gros bouchons (de voitures), sa pollution et sa grisaille, sa culture et sa gastronomie, son effervescence et son histoire, sa fête des lumières et sa cochonnaille.
Mais aussi à ma salle de sport, mes soirées filles hebdomadaires, mes journées shopping, mon écran plat, ma déco pop art, mon boulot, ma voiture de fonction, mon petit appart à côté de la tête d’or, mes brunch du dimanche, mon Rouchette-institut préféré, mes macarons adorés… waouh tout ça ?
C’est vrai que lorsque j’y pense trop, ça me fait froid dans dos, alors j’ai trouvé une technique infaillible : j’y pense pas !
Déjà plus de 4 ans que je sillonne les routes en tant que commerciale, chef de secteur, responsable de zone, attaché commerciale…
Bref, appelez ça comme vous voulez : celle qui sert la main à ses clients 15 fois par jour, mange au restau tous les midi, se ballade de partout avec son petit attaché caisse, fait claquer ses talons dans les rayons, communique par tous les moyens même aphone, vendrait son père et sa mère pour une TG en allée centrale, se lève aussi bien à 3H du mat’qu’à 8H, se fait envoyer chi.. par ses client, envoie chi… ses clients, arbore un sourire aussi bien sarcastique qu’hypocrite selon l’humeur, passe des heures au téléphone dans sa voiture, reçoit des flashs régulièrement dans sa boite au lettre, n’a plus qu’1 point sur son permis…
Bref, 4 ans de vie commerciale, trépidante et bien remplie.
Marre de tirer des palettes le matin, de me battre pour des facings, de me convaincre que la marque que je représente est meilleure que toutes les autres, de cracher sur la concurrence, de travailler pour des personnes aussi intéressée qu’inintéressantes, d’être un pion sur l’échiquier d’une force de vente jeune et désabusée, de contribuer à cette société capitaliste qui m’attire autant qu’elle me déplait.
Pourtant, je me dis paradoxalement que ce métier était fait pour moi : on parle beaucoup, on travaille peu (c’est une blague), on est libre de ses horaires, on n’a pas à supporter son chef tous les jours, on mange au restau tous les midi, on fait des rencontres, on rigole de nos déboires, on brasse des milliers d’euros, bref, on a un énorme sentiment de liberté tout en ayant des responsabilités et un rôle important à jouer… En un mot (ou 14) : l’archétype même de la business woman propulsée dans le monde de la grande distribution.
Puis un élan de lucidité me fait ensuite dire : et si ce métier tu l’avais plutôt choisi pour assouvir ta soif de communication, de curiosité, de relations humaines, cette envie profonde de rentrer en contact avec l’autre, l’inconnu, celui dont tout le monde à peur, mais que tu t’étais totalement plantée dans le fond, pas dans la forme ?
Bref, voilà comment, en quelques heures, on peut passer de buisines woman à globe trotteuse.
Ou comment on décide de donner un sens à sa vie.
Ajoutez à cela une bonne dose de folie, de dynamisme, de rêve, et un partenaire aussi essentiel qu’indispensable : son mari !
L’aventure est lancée, les dés sont jetés, je rêve devant mes guides de voyages m’imaginant flâner sur les plus belles plages, me faire masser à bali, manger de vrais sushis, gravir le mont Fuji, trekker dans la jungle malaise, monter à dos d’éléphant, manger des insectes grillés (oui je sais que vous aussi, ça vous fait rêver) dormir chez l’habitant…
Je passe des heures sur les blogs de voyages à préparer le mien, je m’éprends d’une envie de liberté qui me donne des ailes, et « soudain j’imagine, une vie sans spleen, est ce vraiment un crime, un bonheur irréel… un mélange idéal, infiniment subtil, m’envahit m’enflamme… »(merci M d’avoir été l’Elixir de mes songes de voyageuse).
Reste le plus important : la concrétisation, l’annonce aux proches d’un tel bouleversement dans nos vies, la réalisation de ce rêve, aussi passionnant que fou…
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